Aux tranchées avec le 336ème R.I. - Première partie

Publié le par journaldeguerre14-18.over-blog.com

Dans le courant du mois de décembre, un petit détachement est préparé pour rejoindre le 336ème qui est le régiment de réserve du 136ème. C'est dans cette unité que mon frère Joseph est parti comme sergent brancardier. Je sais qu'il y est toujours et que je le retrouverai à Suippes en Champagne.


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Le sergent brancardier Joseph ROBINNE

 

Depuis l'arrêt (auquel j'ai assisté aux environs de Reims) de notre offensive victorieuse, la guerre en rase campagne a pris fin et est devenue une guerre de positions. Les Allemands ont organisé des lignes de résistance et le front est stabilisé. De part et d'autre, les soldats, devenus terrassiers ont creusé tout un réseau de couloirs et de tranchées. Celles de première ligne se faisant face étaient protégées par des réseaux de fils de fer plus ou moins éloignés, plus ou moins denses et plus ou moins parallèles. Elles étaient complétées à l'arrière par d'autres lignes de renfort et de réserve et communiquaient entre elles par des boyaux où en principe on pouvait circuler, protégé des vues de l'ennemi sinon de leurs projectiles.

 

Par un véritable travail de termites, avaient été construits des abris enterrés qu'on appelait alors des « cagnas » ou des « gourbis » pour y vivre en se protégeant vaille que vaille du froid, de la pluie et des obus. Tout cela, surtout en cet hiver 1914 - 1915, état bien sommaire et bien fragile : le gel, la pluie et les « marmites » se chargeant de leur éboulement.


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Le gourbi des agents de liaison

 

Ce sont ces premiers aménagements que j'ai connus en rejoignant le front. Pendant trois longues années - 1915, 1916 et 1917 -, ce sont les conditions pénibles dans lesquels vivront les poilus installés dans la guerre. Mais ils les perfectionneront avec l'expérience acquise. Et le front bougera de temps à autre par des attaques renouvelées, coups de main des petites unités, opérations plus importantes avec longue préparation d'artillerie, tout cela horriblement meurtrier avant de parvenir à la percée victorieuse de 1918.

 

En attendant, j'arrive à Suippes. Le 336ème R.I. avec la 60ème division dont il fait partie occupe ce secteur de la Champagne Pouilleuse qui s'étend d’Aubérives à Perthes des Hurlus en passant par Souain avec vue sur la ferme de Navarin et la butte de Tahure.


34a.jpgSouain, Mars 1915

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