En forêt d'Argonne - Deuxième partie

Publié le par journaldeguerre14-18.over-blog.com

Des grenades à main furent aussi mises entre les mains des combattants. Devenues l'arme offensive par excellence des fantassins, leur emploi n'était pas sans danger car sitôt la goupille enlevée, il fallait sans attendre lancer la grenade qui explosait en éparpillant de multiples éclats. Au cours d'apprentissage et d'exercices de lancement, je me souviens d'accidents très graves survenus au camp de Mourmelon. D'autres armes nouvelles firent leurs apparitions dans les tranchées. Aux « minen-werfer »des Allemands répondirent nos « crapouillots », canons de portée réduite qui projettent de tranchée à tranchée des engins lents et lourds reconnaissables à la trace et au bruit, que l'on pouvait suivre et éviter à condition de disposer de temps et d'espace. Ils n'en firent pas moins des ravages lors de la préparation des attaques.


 

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Parmi les innovations, celle qui fut appréciée entre toutes fut l'institution des permissions. Le tour de rôle établi, on attendait avec impatience, redoutant qu’un événement imprévu ne les suspende soudain. Mais quelle joie quand le jour du départ arrivé, on faisait partie des petits détachements rassemblés sous les regards envieux des copains. Ayant gagné la gare la plus proche, c'était l'embarquement dans l'encombrement des wagons remplis à ras bord. Les connaissances étaient vite faites entre les inconnus qui, partageant leurs provisions de route, se racontaient mutuellement leurs exploits. Aux premières perms, les poilus traversaient la capitale suscitant un certain respect des badauds. Mais Paris n'était pas sans attraction ni danger et il parut raisonnable de l'éviter en créant la gare régulatrice d'Achère d'où des trains rayonnaient ensuite vers toutes les provinces.


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Pour ma part, je me rendis tout d'abord à Saint-Lô. Mais ce cher oncle Paul n'était déjà plus là. Il était décédé le 4 décembre 1914, inquiet pour ses trois neveux. Du moins pouvait-il de La Haut nous protéger mieux encore. Puis j’allais passer quelques jours à Pacy sur Eure où le docteur et madame Boutard me recevaient avec grande affection. Leur fils Pierre, qui était un de mes amis de Rouen, avait lui aussi été tué lors d'une des premières sorties à laquelle participait la classe 1915. Dans un échange de correspondance, j'avais trouvé près de sa mère une véritable affection maternelle qui se prolongera au-delà des hostilités. Son dévouement ne fut toujours un précieux réconfort et une aide pour la fin de mes études. Cette quasi adoption se reporta sur mon ménage et toute la famille.

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