A Suippes et à Souain - Troisième partie

Publié le par journaldeguerre14-18.over-blog.com

La montée aux tranchées de première ligne ressemblait davantage à la vraie guerre. La relève nécessitait des précautions et une fatigue certaine. Les boyaux étroits rendaient l'avance difficile. Marchant en file indienne, sans cigarette et sans bruit, le silence était parfois rompu par des appels : « pas si vite en tête... » car on risquait de se perdre  aux embranchements. La nuit noire était soudain illuminée par des fusées éclairantes lancées des lignes proches. C’eut été un beau feu d’artifice en d'autres circonstances mais il fallait s'immobiliser ou se camoufler pour éviter une fusillade - parfois, en se doutant de la relève, l'ennemi arrosait les boyaux de schnarpells qui crachaient leurs éclats et faisaient des victimes. Notre artillerie répondait car nous entendions aussi dans le lointain le sourd roulement des voitures qui apportaient leur ravitaillement aux lignes allemandes. Puis le silence provisoirement rompu par les sifflements qui passaient au-dessus de nos têtes et les éclatements secs se rétablissait et nous poursuivions notre marche dans la nuit en arrachant nos pieds embourbés.


35a.jpgIntérieur du PC de Compagnie au Moulin de Souain - 1915

 

Après avoir atteint les emplacements précédemment occupés, on pouvait souffler et regarder partir avec envie ceux dont on prenait la place. Il y eut des changements de secteur par la suite. Mais pendant de longs mois, nous retrouvâmes les mêmes petits postes, les mêmes tranchées et les mêmes abris dans le village de Souain en ruines où l'on s'installait dans les caves. Pour les poilus, c'était la garde attentive derrière les créneaux mais aussi le travail d'entretien des réseaux de défense, la pose de fascines pour consolider les parapets ou de caillebotter pour ne pas s'enfoncer trop profondément dans la boue. C'était aussi des coups de main pour situer la disposition des tranchées d'en face et faire si possible des prisonniers.

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